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Plaidoyer pour une « EMI joyeuse »

Nous avons eu le plaisir d’accueillir le 2 juin dernier, dans les locaux du groupe Le Monde, Anne Cordier, pour une rencontre avec nos bénévoles.

Ancienne professeure documentaliste, elle est aujourd’hui professeure et chercheuse en sciences de l’information à l’université de Lorraine et spécialiste de l’EMI. Un moment particulièrement riche et enthousiasmant.

« Les enseignants sont capables de faire de l’EMI, d’apprendre à faire le tri dans les sources. Mais l’intervention d’un journaliste est nécessaire pour parler de son travail, pour dire comment concrètement il travaille », a commencé par rappeler Anne Cordier. Pour elle, la présence des journalistes en classe, devant les élèves, est essentielle. D’autant plus que « le droit à une information de qualité est un droit fondamental »,  ce qui rend aux yeux de la chercheuse l’EMI toujours autant nécessaire. Pour elle, journalistes et enseignants doivent avancer main dans la main pour mener des actions d’EMI. « Vous, les journalistes, n’êtes pas en première ligne mais vous êtes indispensables », a-t-elle assuré. 

Anne Cordier depuis le siège du Monde avec les bénévoles d'Entre les lignes à Paris et à distance. Capture d'écran

Cet échange a permis de faire le constat d’une vision partagée d’une EMI émancipatrice et créatrice de confiance en soi. Certains bénévoles l’ont ainsi questionnée sur un paradoxe : pourquoi les jeunes s’informent beaucoup voire essentiellement via les réseaux sociaux mais ne leur font que très peu confiance ? « Comme ils n’ont pas confiance en eux, ils n’ont pas confiance dans le système d’information. C’est aussi une conséquence des adultes qui rejettent directement les réseaux sociaux, sans questionner ce qu'il s’y passe. Les élèves s’autocensurent sur leurs sources d’info », a répondu la chercheuse.

« On a un rôle d’émancipation culturelle, c’est fondamental »

Il est important à ses yeux qu’une intervention d’EMI puisse permettre de redonner confiance. C’est pourquoi il est nécessaire de proposer de l’EMI dès le plus jeune âge, comme le fait Entre les lignes avec son projet primaires depuis plusieurs années. « Pour moi, l’EMI fait partie des apprentissages littéraciques (sic), comme lire, écrire… On a un rôle d’émancipation culturelle, c’est fondamental », a expliqué la chercheuse.

Quelle posture adopter alors avec des jeunes souvent inondés d’informations fausses ou de mauvaise qualité ? En leur montrant d’abord ce qu’est une vraie information, en partant de leurs usages, plutôt qu’en créant des fausses informations. « Créer du faux quand on veut sensibiliser à la fausse information, cela me questionne beaucoup. On a la chance de pouvoir s’informer, de pouvoir être informés par des professionnels. Il faut le montrer très tôt et régulièrement, car ils sont inondés d’infos de mauvaise qualité. »

Adopter une démarche positive en somme, dans l’idée d’une « EMI joyeuse » qu’elle affectionne. « C’est important de dire que vous aimez l’information, que vous aimez informer mais aussi que vous avez des hésitations et que vous pouvez vous tromper », a conclu la chercheuse.