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Comment éduquer à l’image à l’école ?

Les 5 et 6 juin derniers s’est tenu le colloque international « Former, informer, déformer par l’image ». Entre les lignes a eu le plaisir de co-animer une table ronde.

Organisé par le Carism, laboratoire de recherche sur les médias de l’université Paris Panthéon-Assas et le Gripic, laboratoire de recherche du Celsa, celui-ci a réuni deux jours durant chercheurs et professionnels de l’information. Entre les lignes a eu le plaisir de co-animer une table ronde avec Isabelle Féroc-Dumez, directrice scientifique et pédagogique du CLEMI, en clôture des débats. Nous avons consacré ce moment aux acteurs de terrain de l’éducation aux médias autour d’une question : comment éduquer à l’image à l’école ?

L’image, matériau omniprésent aujourd’hui notamment sur les plateformes sociales, est au coeur de problématiques liées à la désinformation. Ce fut l’occasion pour nous d’évoquer des approches pédagogiques concrètes mises en place lors d’ateliers et d’interventions en classes.

« Sans contexte, une image ou une photo est difficilement compréhensible »

Isabelle Wirth, journaliste à l’AFP et bénévole très investie au sein d’Entre les lignes est venue témoigner des ateliers que nous réalisons sur cette thématique. Elle a ainsi pu détailler comment nous sensibilisons notamment au pouvoir émotionnel des images et aux biais cognitifs. « Ce qui est important pour nous, c’est de faire comprendre aux élèves que sans contexte, une image ou une photo est difficilement compréhensible. Ce sont alors les émotions qui prennent le relais et elles peuvent nous jouer des tours », a-t-elle expliqué. Elle a également pu détailler comment nous travaillons avec eux la notion de ligne éditoriale : en mettant les élèves en position d’éditeurs photo. Ce dispositif permet de leur faire voir combien le choix d’une photo ou d’un document iconographique est vecteur d’information et de sens.

Maria Pereira Da Costa, professeure de Lettres modernes au lycée Paul-Éluard de Saint-Denis (93), anime de son côté des « classes médias » avec ses élèves depuis quatre ans. Elle est venue livrer un récit émouvant du travail réalisé en collaboration, chaque année, avec un photojournaliste professionnel. Les élèves réalisent avec lui leur propre reportage photo. « C’est un moyen de les sensibiliser à la transmission d’informations à travers la construction d’une photo », a-t-elle témoigné. Un projet qu’elle envisage comme un moment de compréhension du pouvoir informationnel d’une image et de l’importance de sa fabrication. « En plus de moments autour de l’analyse d’image, ils doivent trouver eux-mêmes des personnes à interroger et photographier, demander leur accord, fixer un rendez-vous. Cela les place dans une démarche où ils doivent produire une image pour informer », a raconté l’enseignante.

« Faire comprendre qu’on transmet une idée mais pas forcément une information et que c’est un point de départ » 

L’information par l’image peut aussi passer par un dessin. Raison pour laquelle nous avions également convié à cette table ronde Cartooning for peace, réseau international de dessinateurs et dessinatrices de presse. « Travailler autour du dessin, c’est une moyen de développer l’esprit critique. Nous rencontrons les élèves autour d’expositions dans les écoles et en leur faisant rencontrer des dessinateurs. Le dessin apporte une médiation particulière qui permet d’aborder sereinement des questions qui peuvent être sensibles », a détaillé Anne Lejeune, responsable des projets pédagogiques au sein du réseau.

Présent à ses côtés, le dessinateur Truant a puisé dans ses expériences d’ateliers en classes pour raconter sa démarche pédagogique. « L’important pour moi dans ces ateliers, c’est de faire comprendre que le dessin n’est pas forcément la vérité mais un regard distancié sur la réalité ou l’actualité. C’est très important de leur faire comprendre qu’on transmet une idée mais pas forcément une information et que c’est un point de départ ».